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« Kenny avait déjà un esprit de compétiteur acharné. Il cherchait à être décisif dans tous les aspects du jeu, que ce soit avec ou sans ballon, et il s’en donnait les moyens, » se souvient Valentin Pouplin, son entraîneur à l’époque où Kenny évoluait en U13 aux JSA Bordeaux.
On peut distinguer les enfants qui rêvent et ceux qui se donnent les moyens de réaliser leurs ambitions. Kenny appartient clairement à cette deuxième catégorie. Cependant, pour réussir, un environnement familial stable, serein et parfois même prêt à faire des sacrifices est essentiel.
C’est en 2021, alors que les entraînements ne peuvent reprendre qu’en extérieur, que Valentin se souvient : « Son père faisait le trajet tous les jours pour qu’il puisse s’entraîner au Haillan, sur les terrains extérieurs. Je me souviens encore de lui, assis dans sa voiture -à la demande de Kenny-, mais toujours présent à chaque séance, » raconte-t-il. Et la famille de Kenny a dû en faire, bien qu’ils ne les aient pas forcément perçus comme tels. Pour sa mère, la séparation a été la plus difficile : « Ne plus l’avoir à la maison dès ses 14 ans, lorsqu’il est entré au pôle, c’était compliqué. Mais depuis son premier entraînement de basket, il avait pour objectif de devenir joueur professionnel. Nous, ses parents, sommes donc là pour le soutenir dans son rêve. » Un rêve qui prend rapidement forme, quelques années plus tard…
Des prédispositions certaines
Initialement inscrit dans un programme de « multisports », les éducateurs de l’époque remarquent dès son plus jeune âge, ses remarquables aptitudes physiques. Par la suite, Kenny suit les traces de son père en rejoignant le football. Cependant, celui-ci n’est pas convaincu par les entraînements. Pendant ce temps, sa sœur, plus âgée de trois ans, pratique le basket à Libourne. Kenny, alors âgé de 7 ans, s’amuse à dribbler et courir. Mais il ne tarde pas à se démarquer : « Fabrice [Migerel-son entraîneur en U09-U11], Michel [actuelle présidente du club] et Guy [Chenut-entraîneur en U12] ont tout de suite vu qu’il avait des prédispositions et qu’il pouvait aller loin. Cela, après seulement quelques dribbles et sprints ! Il a aussitôt accroché et nous a dit : ‘Je veux faire ça !' », raconte Thierry, son papa.


Ainsi, son parcours de formation classique débute, ponctué de sélections. Kenny, en avance sur son âge, intègre l’équipe U13 Gironde un an plus tôt pour participer au Tournoi des Étoiles en 2020, à la surprise de ses parents : « C’était inattendu, car il ne faisait pas partie de la liste initiale, ce n’était pas sa catégorie d’âge. Mais le CTF nous a appelés pour voir si Kenny était disponible, car il y avait des blessés. J’avoue avoir été très surpris (et ravi) sur le moment. »
Lors de cette fin de saison, Valentin Pouplin, parvient à convaincre ses parents de le rejoindre au club des JSA Bordeaux : « Nous envisagions de déménager à ce moment-là. J’ai été sensible au discours du coach, qui était même prêt à ce que Kenny joue dans un autre club, à condition de pouvoir l’avoir pendant les vacances. » En écoutant Valentin parler de Kenny, on comprend facilement pourquoi il tenait à l’avoir dans son équipe : « Kenny n’était pas forcément un joueur académique, mais il trouvait toujours des solutions. Il avait un physique au-dessus de la moyenne, bien qu’il devait encore travailler sur sa coordination et sa motricité. Malgré ces légers défauts à l’époque, il savait se débrouiller seul. Son implication à chaque minute de chaque entraînement était une source de plaisir pour l’entraîneur que je suis ! Cela motivait également ses coéquipiers à se surpasser. Quant à sa maturité, il savait déjà ce qu’il voulait, mais devait encore apprendre à gérer ses émotions. Son ambition et son exigence envers lui-même pouvaient parfois nuire à son efficacité. »

Et le discours est le même du côté limougeaud, son club actuel : « Kenny était le 1er joueur avec qui nous avons travaillé sur un vrai process de recrutement. Nous le suivions depuis 4 ans déjà malgré les difficultés sanitaires de l’époque… J’ai été longuement en contact avec son papa, je suis allée le voir au camp inter-zones au Temple-sur-Lot et ses traits de caractère n’ont fait que confirmer ce que j’avais pu voir en vidéo. » nous dit Matthieu Donnard, le responsable technique du centre de formation du Limoges CSP.
Sa blessure
De nombreux moments marquent les parents de Kenny, mais pour sa mère Sandrine, la blessure de son fils reste le souvenir le plus « douloureux ». « En mai 2022, après une saison complète en U15 Elite et au pôle, Kenny s’est blessé [NDLR : fracture du plateau tibial] lors d’un tournoi à Lons-le-Saunier », se rappelle-t-elle comme si c’était hier. « Il a dû porter un plâtre pendant six semaines, et à ce moment-là, nous ignorions comment son tibia allait guérir. Ce fut une période difficile pour toute la famille, car Kenny traversait une phase très sombre. Certains médecins étaient pessimistes, allant jusqu’à douter de sa capacité à reprendre le chemin du haut niveau. »

De cette épreuve, Kenny a su en faire une force. « Une fois la blessure acceptée, il a trouvé en lui la force mentale pour en tirer du positif. » Il s’est engagé pleinement dans sa rééducation, restant au pôle pour bénéficier des meilleurs soins puis ensuite, sur Limoges. Ses parents, toujours à ses côtés, lui ont même trouvé un préparateur mental pour l’accompagner dans cette période difficile.
Cette blessure aurait pu compromettre son avenir au sein du club de Limoges. Matthieu Donnard, son coach, confirme : « C’était une blessure sérieuse, nécessitant au moins deux opérations Nous avons beaucoup échangé avec lui et sa famille durant cette période. Kenny nous intéressait, mais nous devions évaluer si cette fracture pouvait être un obstacle définitif. Heureusement, après une évaluation de notre staff médical, nous avons été soulagés d’apprendre que la première opération s’était bien déroulée et que tout se passait pour le mieux. »
Paradoxalement, cette période difficile a permis à Kenny de s’ouvrir. Un de ses coéquipiers, Ayman Malibert, s’est lui aussi fracturé le plateau tibial, et cela a aidé Kenny à créer des liens. « Ils sont devenus des compagnons de kiné, et je pense que cela leur a fait du bien à tous les deux. Ils se sont soutenus mutuellement », explique coach Donnard.
Onze mois et des centaines d’heures de kinésithérapie et de réathlétisation plus tard, Kenny revient sur le terrain. « C’est le plus beau des souvenirs » pour sa mère, ravie de le voir rejouer. Cette blessure, qui paraissait insurmontable, est finalement devenue une source de force pour Kenny.
Double facette…
Tous s’accordent à dire que Kenny affiche deux visages : sur le terrain, il est un leader incontesté, tandis qu’en dehors, il reste très réservé.
Valentin se souvient de lui en U13 comme « ce garçon qui restait en retrait quand je parlais avec son père. Il était très introverti dès qu’il quittait le terrain. » Ses parents confirment : « Kenny ne se dévoile pas facilement. Que ce soit au pôle ou maintenant à Limoges, les entraîneurs lui demandent de s’ouvrir davantage, mais c’est vrai qu’il est plutôt silencieux. Cela évolue toutefois, et cette année, il a même été nommé co-capitaine ! » précise son père. Son coach des Espoirs ajoute : « Son comportement sur et en dehors du terrain est totalement différent, mais intéressant. En dehors, il semblait parfois renfermé, comme s’il avait besoin de se recentrer, en contraste avec l’énergie et la sincérité qu’il déploie sur le terrain. » conclut Matthieu.
Et de cette énergie, le coach limougeaud a eu la chance d’en bénéficier à une moment clé de sa saison, avec les Espoirs : « Lorsqu’il a retrouvé le terrain, Kenny est redevenu très performant, volontaire et déterminé, très vite. Il est 1ère année U18, mais au bout de quelques semaines, nous étudions la possibilité de le faire intégrer le groupe Espoirs. Il commence par quelques entraînements et comme c’est un joueur qui capte et réinjecte vite ce qu’on lui demande, sa place semble possible dans ce groupe. Il est tout simplement bon et à l’écoute donc nous décidons de le surclasser pour qu’il finisse la saison en Espoirs. »

C’est à Bourg en Bresse que Kenny aura (déjà) marqué le groupe Espoirs de son empreinte : « On est à moins 17, je fais rentrer Kenny et rien que par son attitude, son énergie il entraîne tout le groupe avec lui. Il rentre, doit faire 2-3 stops défensifs, marque un ou deux paniers mais c’est son engagement et sa détermination qui font que les autres joueurs s’y mettent aussi ! Nous allons en prolongation pour gagner ce match. C’était un match « à la vie à la mort » qualificatif pour le tournoi du Trophée du futur. » se remémore Matthieu Donnard. Alors qu’en temps « normal », jamais un 1ère année évolue avec les Espoirs, Kenny prouve une fois de plus, qu’il n’est pas un joueur comme les autres !
De son autre facette, Matthieu nous raconte une anecdote « Il a évolué et commence à comprendre le ‘rôle’ qu’il doit avoir en dehors d’un terrain. Par exemple, lors d’une séance de musculation, Kenny aperçoit un coéquipier qui ‘triche’. Une éthique que Kenny ne comprend pas et fait donc remarquer à son partenaire avec bienveillance… il n’était pas question pour lui de se prendre la tête avec un coéquipier mais il ne comprenait pas cette attitude et le lui a fait savoir. » En voilà une preuve que Kenny franchit les étapes les unes après les autres.
L’Équipe de France
Repéré dès sa sortie du pôle de Dax, ses performances ont définitivement convaincu les entraîneurs nationaux. Tout a commencé lors d’un tournoi inter-pôles. Les « recruteurs » sont dans la salle tout comme ses parents. A l’issue des rencontres, Stanislas Hacquard convoque 16 joueurs pour participer au tournoi de l’Amitié, Kenny va voir ses parents pour les en informer, il ne semble pas plus heureux que cela, comme si ce n’était qu’une étape dans sa « jeune carrière » de joueur.
Idem lorsqu’il reçoit sa 1ère convocation pour l’équipe de France, ses parents racontent : « Nous étions très heureux de ce courrier. Kenny est resté quelque peu stoïque, comme si, une fois de plus, c’était la continuité de tout ce qu’il avait fait auparavant. Mais pas une finalité en soit…»

Kenny avec le maillot tricolore, cet été.

En mars 2024, lors d’un déplacement de l’équipe de l’INSEP à Beaublanc, Nicolas Absalon, coach des Parisiens, remarque avec enthousiasme l’énergie débordante de « l’energizer Courset » et n’est pas surpris par sa prestation. La suite est logique : Kenny est convoqué pour rejoindre l’Équipe de France U16, participe aux Championnats d’Europe, et… décroche la médaille d’or.
Avec cette performance, il se rapproche un peu plus de son objectif, tout en faisant la fierté de sa mère, sa plus grande fan : « Après son retour de blessure, ce titre est l’un de mes plus beaux souvenirs, » confie-t-elle. Incontestablement, Kenny Courset, qui progresse étape après étape, semble bien parti pour en rapporter d’autres.
