Une girondine championne d’Europe !

Cela est peut-être passé inaperçu cet été, entre la médaille de bronze de l’Équipe de France féminine et la préparation à la Coupe du monde des Batum and Co, une girondine s’est fait sa place en Équipe de France !
Maëwenn Poilvé, 15 ans, née à Libourne (mais d’origine bretonne, nous y reviendrons…), a vécu un été un peu particulier.

Ses débuts
Tout a donc commencé du côté de Libourne, Maëwenn, alors âgée de 4 ans, a la possibilité de faire un 2nd sport, elle qui pratiquait déjà du tennis. Elle se tourne alors vers le basket « J’aimais bien le basket, j’en avais déjà vu à la télé, j’ai donc décidé d’en faire » nous explique-t-elle. S’en suit alors 7 années de pratique où elle grandit en même temps qu’elle fait grandir cette équipe de Libourne. D’ailleurs c’est durant ces années de baby-basketteuse puis de U13 que Maëwenn aura un coach qui la marque : « En U13, j’ai eu Guy Chenut et je l’ai eu pendant 3 saisons. Pour moi, à l’heure actuelle, c’est avec lui que j’ai eu une de mes plus grosses progressions et c’est aussi grâce à lui que j’ai pu commencer les sélections. Je lui en serai toujours reconnaissante » et, comme pour appuyer son trait de caractère qu’est la générosité, Maëwenn précise « J’ai eu beaucoup de coachs bien quand même… mais c’est vrai que c’est lui qui m’a le plus marquée. »

A ses débuts avec le club de Libourne

Maëwenn se fait donc remarquer en Gironde où le technicien Joan Desbordes la prend en sélection départementale « Nous l’avions déjà repéré lors du tournoi U11 et nous savions, avant le tournoi de détection l’année suivante, qu’elle ferait partie du groupe » Et pourtant, après la victoire lors de la sélection départementale au Tournoi Inter-Comités à Châteauroux (en 2019), le technicien du comité a dû s’employer pour que cette dernière puisse participer au camp de détection « Non sélectionnée dans un 1er temps, sa grosse performance en finale lui ouvre les portes du tournoi de détection (Camp Inter Zone) ». S’ensuit une ascension jusqu’à l’Equipe de France U16 !

Poliste puis berruyère !
Entre temps, cette petite (elle a une sœur de 19 ans) et grande sœur (petit frère de 4 ans), va continuer à progresser sous les couleurs du club de St Delphin, où elle découvre l’élite, l’année du COVID « Nous n’avons pas fait beaucoup de matches et cela m’a manqué. Mais je jouais chez moi donc le basket ne m’a pas particulièrement manqué. J’étais bien chez moi ! » Cependant lorsqu’elle intègre le pôle Espoirs de Mont de Marsan l’année qui suit, le manque de compétition commence à lui peser « Là, c’était très dur car je faisais du basket toute la semaine au pôle mais je n’avais pas de compétition club le week-end. Dans mon ‘malheur’ j’avais la chance d’être au pôle et de pouvoir faire de la compétition avec la sélection, mais pas régulièrement. De plus, lors de ces matches, je ne me trouvais pas bonne, j’avais l’impression de ne pas jouer comme je savais le faire… »

St Delphin 2021-2022

Après ces 2 années, Maëwenn reste déterminée et focus sur son objectif : devenir basketteuse professionnelle ! C’est donc naturellement et aussi grâce à son niveau, qu’elle intègre le « mastodonte » du basket français : le Tango Bourges basket !
A son arrivée dans le Cher, le changement de rythme est notable : « Le passage du pôle au centre de formation a été le plus marquant, ce n’est pas le même mode de vie. Le rythme est différent et plus intense (environ 14h de basket). Nous avons 2h d’entrainement/jour + les séances individualisées + la musculation. » Concernant cette ‘pratique’, parfois mal aimée des sportives, mais nécessaire, elle est consciente de son importance : « ce n’est pas que j’aime ou je n’aime pas la musculation, c’est juste que je sais que j’en ai besoin donc cela ne me dérange pas de le faire ».
L’arrivée dans le Berry, marque aussi un éloignement familial, mais qui ne semble pas l’avoir perturbée tant que ça : « Quand j’étais au pôle, je rentrais tous les week-ends donc je voyais souvent ma famille. Ici, au début c’était un peu dur avec l’éloignement car ma sœur est partie la même année à Lyon donc quand je rentrais pendant les vacances, je ne la voyais pas trop. Idem pour mon frère qui était petit et donc ça me faisait bizarre de le quitter. Mais je n’ai pas eu de ‘gros coups de mou’, je m’y suis vite habituée » nous confie-t-elle, comme pour conforter sa détermination : « Pour aller là où je veux, il faut avoir de l’ambition, être déterminée et motivée. Je pense avoir (ou pouvoir avoir) ces qualités donc il faut les mettre en application et se donner les moyens d’y arriver. » ajoute-t-elle.
Des moyens qui passent par beaucoup d’heures passés sur les terrains, ce qui est loin de la déranger « En tant que sportive de haut niveau, ce que j’aime c’est de m’entraîner aussi souvent ! J’aime le basket donc en faire autant est une vraie opportunité ! Faire ce qu’on aime, il n’y rien de mieux ! Ça prend le dessus sur tout le reste et notamment sur le manque de vacances » nous glisse-t-elle pleine de malice.

Sa personnalité !
Pour le ‘hors basket’, la libournaise, le consacre essentiellement aux études : « Je n’ai pas de loisirs particuliers. A Bourges, quand j’ai un peu de temps, je regarde des séries mais ça s’arrête là ! Pour les études, que ce soient mes parents ou mes coaches, ils tiennent le même discours et j’y adhère depuis toujours ! Je suis consciente que le chemin du haut niveau est encore très loin et qu’il peut se passer n’importe quoi alors les études restent ma priorité ! J’ai plus de chance de réussir à l’école qu’au basket donc… » La tête sur les épaules, Maëwenn applique à la lettre ces conseils, car après un brevet obtenu à l’issu du contrôle continu, Maëwenn oscille entre 14 et 20 de moyenne (en Mathématiques, sa matière préférée !) en seconde. Direction la 1ère générale l’an prochain, avec le même objectif : continuer de performer à l’école !

D’un point de vue personnel, elle se décrit comme une personne altruiste, généreuse et déterminée, des qualités qui l’ont amenées là où elle en est aujourd’hui, même si elle ne compte pas en rester là « A moyen terme, j’aimerai intégrer une équipe de NF1 ou LF2 (en fonction de ma progression à la sortie du centre). A long terme, la LFB, l’équipe de France voire la WNBA ! »
En effet, elle ne cache pas son enthousiasme lorsqu’elle nous parle de Marine Johannes, la basketteuse qui l’inspire le plus « Elle a un jeu incroyable ! Elle fait des choses que peu de basketteuse savent/peuvent faire. En revanche, si je souhaite être un même leader offensif qu’elle, j’aimerai être meilleur défenseur ! » ironise l’arrière-scoreuse.
Malgré des origines bretonnes (sûrement le fruit de son principal défaut : têtue), la berruyère reste attachée à sa région comme le prouve l’évocation de ce souvenir « J’ai perdu une ½ finale de coupe 33 contre St Delphin en U13 ! Je m’étais cassée le poignet, j’avais réussi à revenir à temps pour ce match et finalement, il s’est soldé par une défaite ! C’est mon pire souvenir à l’heure actuelle ! ». Comme pour conforter son attachement, elle nous glisse être toujours en contact avec des partenaires de ces années libournaises et polistes. Et si nous n’étions toujours pas convaincus, le numéro 33 porté cet été, lors du Championnat d’Europe, conforte son propos  !

L’Equipe de France
Sélectionnée parmi les 18 meilleures joueuses de sa catégorie, au mois d’avril, c’est durant la campagne estivale que la sélection prend forme.
Malgré le stress et l’appréhension d’un 1er stage national, Maëwenn avait une forte envie de découvrir ‘l’univers Équipe de France’.

Des Vosges à Izmir
A chacun des stages, le groupe se réduisait, mais Maëwenn reste lucide sur cette préparation : « La campagne a été un peu particulière parce que nous avons eu beaucoup de blessées. Donc ils n’ont jamais vraiment choisi, à part lorsque nous étions 13 et qu’il fallait en sortir une mais sinon tout au long des différents stages, il n’y a jamais eu de surprise. » Consciente que cela lui a peut-être ouvert les portes, elle ajoute « Du coup, on peut se dire que c’était ‘par défaut’ que nous étions prises… enfin pas par défaut parce que j’aurai peut-être été prise sans les blessures, mais on ne le saura jamais ! »
Quoi qu’il en soit, à force de travail et de volonté, cette jeune basketteuse est sûrement là où elle doit être. Elle garde un bon souvenir de sa préparation « Malgré la dureté et l’intensité des stages, on y est pour donner le meilleur de nous. Quant à la concurrence, elle est forcément présente mais ce n’est pas d’une mauvaise manière. Cela permet à ce que chacune d’entre nous élève son niveau de pratique pour le bien de l’équipe. Dès le début, nous savons que nous avons un seul et même objectif, alors, quand celui-ci est atteint, on oublie tous les sacrifices et on se dit que ça valait vraiment la peine ! » s’enthousiaste-t-elle !

Concernant la compétition, et comme avant son 1er stage, Maëwenn n’avait qu’une envie : jouer ! « Oui bien-sûr qu’il y avait un peu de stress mais cela se transformait en adrénaline ! J’avais aussi et surtout envie de jouer ! » nous révèle-t-elle.

Cet été, lors du Championnat d’Europe

Pour ce qui est de sa prestation personnelle, elle n’est pas vraiment satisfaite, et aurait aimé marquer plus de points car, s’appuyant sur sa principale qualité (l’adresse), son rôle était clair et définit depuis le début de la compétition : le joker offensif ! Finalement elle a eu la chance d’avoir plus de responsabilités (17 min de moyenne) « Globalement je fais un plutôt bon tournoi même si je pense que j’aurais pu apporter plus dans le scoring ! Je ne prenais pas beaucoup de tirs car je n’avais pas non plus beaucoup de situation et je ne voulais pas forcer les choses. Donc, dans l’ensemble, je pense que j’ai respecté mon rôle. »
Scoreuse en U18 Élite au sein de l’effectif berruyer, son rôle est différent en Équipe de France « Dès le début, on m’avait prévenu que je serai un ‘joker offensif’. Finalement avec les blessées, les rôles ont été modifiées et j’ai eu plus de responsabilités avec la possibilité d’exploiter aussi mon côté ‘passeuse’. Mais mon championnat d’Europe reste un ton en-dessous, de ce que j’avais pu montrer en préparation ».

Qu’à cela ne tienne, Maëwenn est Championne d’Europe !